C’est un lieu où se mêlent l’Art et la Vie. Un lieu où les amoureux de l’art se retrouvent et s’inspirent mutuellement. C’est un lieu ouvert accueillant et généreux, à l’image de son fondateur Mourad Daoudi. Art Daoudi est plus qu’une Galerie d’Art. C’est un centre d’expression et d’expérience de l’art et de la vie… Pensé comme un lieu de vie et d’expérience, ART DAOUDI rassemble et soutient un choix d’artistes d’exception venus d’ horizons très différents avec des visions singulières et intervenant sur des supports variés. Aucune limite, ni de sujet, ni de moyen, ni de dimension ne leur est imposée. Mourad Daoudi assume cet éclectisme.
Il choisit ses artistes par coup de cœur et s’engage auprès d’eux corps et âme, pour un accompagnement absolu. Il a créé Art Daoudi pour être le lieu de leur expression artistique et l’espace pour la promotion de leur talent auprès d’une audience internationale exigeante choisie.
Mourad Daoudi a commencé sa carrière comme marchand d’Art. Sa rigueur, sa sincérité et sa bienveillance ont peu à peu fait sa réputation d’homme sérieux et fiable. C’est un homme de parole comme disent les berbères, ses ancêtres dont il convoquent souvent la mémoire pleine de sagesse. Ce qui lui vaut le respect et la confiance de collectionneurs et d’amateurs de grande envergure dans le monde entier.
Il est l’exact contraire de L’homme de Giacometti. A 55 ans, Mourad Daoudi n’a pas la démarche granitique et hiératique de celui qui pèse sur terre, roule sa bosse de son allure rectiligne, s’enferme et s’enterre. De son propre aveu, il “chine”. Il erre du talent. Il hume des sensations. C’est un flamboyant marchand d’art venu de France qui expose plus de deux cent artistes, plasticiens, peintres, photographes, dans sa galerie blottie dans les avenues épanouies de Genève. C’est un homme à l’ancienne, épicurien et intempestif, qui vit l’art non comme un simple événement, mais comme l’éternelle Création. C’est un iconoclaste à l’hyperactivité jubilatoire et salvatrice, qui pense que le beau, loin de se limiter à l’art, dépasse largement son mobile, ses
territoires et son principe.
Il dit : “Pour moi, l’art s’étend à la matière de la terre, du ciel, de l’horlogerie, du cinéma, du textile, de tout”. Tout, chez lui, sur lui, est exagéré. Exagéré d’idées, d’envies, de coups de foudre, d’éclat, d’un peu de frime et de beaucoup de panache. “Je m’intéresse à tout”, prévient-il d’emblée, un après-midi ensoleillé de juin. La voix est douce. Comme toujours, les mots roulent… joyeux, onctueux, exquis. Ils caressent, murmurent des politesses. Quand ils n’annoncent pas la venue d’une nouvelle exposition, d’un énième événement. Ces temps-ci ? Le concert de son ami, le pianiste Franck Laurent-Grandpré, dont il salue le génie mélodique, les notes aériennes et tellement vitales. Ici comme ailleurs, ses goûts sont éclectiques. Mourad Daoudi n’est jamais là où on l’attend. Dans ses écouteurs, il y a Jackson, Jul, mais aussi Mozart et Vivaldi. Lui n’y voit aucune anomalie. Esprit libre, il pense au contraire que l’amour des choses hétéroclites est signe de vie. Surtout, il lui plaît que la musique soit un art frontal, qui murmure directement à l’âme. Pour le marchand d’art hétérodoxe, cette loi se vérifie a fortiori dans les autres domaines de la création. Comme Bacon, il croit que l’art a ce pouvoir ineffable de toucher le cortex, de remuer directement le plexus. Et à rebours du fatalisme d’un Bourdieu, cet autodidacte croit au “choc esthétique” de Malraux, arguant que l’art s’offre non pas à tous, mais plus subtilement et plus fondamentalement, à quiconque saura le saisir.
Ressentir les degrés de la quête intime. Mendier une présence. Cet irrésistible tropisme vers le beau, “l’excellence”, comme il dit : voilà ce qui anime et aimante littéralement Mourad Daoudi depuis trente ans. Affranchi de tout code, libéré des chapelles, ces tutelles (?), il n’approuve jamais les artistes par principe – ce qui serait trop facile et en définitive assez lâche – mais toujours par expérience. Mourad Daoudi est ardemment, concrètement, passionné par les créateurs. “Je les aime”, souffle-t-il.
Né en 1968, année mythique s’il en est, il a poussé loin des morsures et des coups de peinture. Il parle d’une enfance heureuse à Lyon entre un père boucher et une mère, femme au foyer, fantaisiste, férue d’art. Ado déjà, il se vivait et se vendait comme un “chasseur de trésor, une fouine”. Et arpentait les marchés avec son porte-monnaie, en quête du beau, du sens du frisson. “J’achetais des timbres, des pièces, je cherchais le rare”, se remémore-t-il. Son premier émoi esthétique a été la numismatique. Son premier achat, des pièces
byzantines. Surnage dans sa mémoire, le souvenir de leur couleur, un or à la Rembrandt, un or biblique et sacré, infini. Et c’est sans qu’aucun poinçon d’angoisse ne lui perce l’estomac, que le gamin de 16 ans a revendu son “trésor” à un antiquaire. Pour “s’acheter de belles fringues”, mais surtout, parce que l’extralucide pressentait déjà que le dessein d’une œuvre était toujours de partir, de passer sous d’autres regards.
Aujourd’hui, il présente aux yeux du monde les œuvres de renom d’artistes de premier plan. Les incandescents Christ en croix de Frederico Alagna. Les masques flambés et dorés du sculpteur Phil Berthot. Les silhouettes tout en délicatesse et en aquarelle de la jeune artiste Anna Blachut. Les sculptures animales, poignantes et fragiles à la fois, d’Olivier Bertrand. Sans oublier les femmes lascives, aux lèvres ourlées, avec des puits de
mélancolie de Fabio Calvetti. Splendeur des corps, apothéose des chairs : toute leur gloire et leur naufrage est là. Dans ces images, ces mirages, qui lui semblent toujours à portée de baisers, à portée de paroles et de prières. “Il faut avoir une science des corps pour voir la beauté”, répète souvent Mourad Daoudi.
Chez les artistes, ces êtres paroxystiques, il aime la sensibilité extrême, le doute créateur, l’humilité. “Je ne peux pas travailler avec les natures”. Dehors les frimeurs, les faux-monnayeurs, tous les escrocs du talent. Avec
Mourad Daoudi, jamais il ne faut commettre le péché de ne pas être soi. “C’est un être entier, d’une grande générosité” souligne Olivier Bertrand qui l’a rencontré à ses balbutiements, alors qu’il débutait et était encore orphelin de la gloire qu’il connaîtrait. “Je suis fier de l’avoir repéré, s’enflamme Mourad Daoudi. Créer des œuvres à partir de carton recyclé, je me suis dit, dès les premiers instants, que c’était génial”.
Le corps est tendu dans le costume italien. Mais chez lui, l’élégance tapageuse n’est que le masque de la bienveillance. C’est ainsi : Mourad Daoudi n’aime rien d’autre que savourer le plaisir de guider ses pousses. De les cornaquer. D’être au pied, au chevet des jeunes premiers. Et il lui plaît d’empoigner la saleté créatrice des ateliers pour mieux observer les peurs et les splendeurs de ses créateurs. Leur geste précis. Leur fulgurance au milieu des pinceaux et des sceaux. Il dit : “J’ai toujours besoin d’aller à la rencontre de leur monde”. Refusant les carcans artistiques, taillés dans le marbre, il évoque toujours les artistes de manière non pécuniaire, mais aimée. Avant d’être marchand, c’est un passeur, un exhausteur de sensations.
Et avec lui, les clients – des hommes d’affaires, des femmes élégantes dans le halo de l’argent -, ne sont jamais déçus du voyage. Son livre d’or en conserve la mémoire. Un massif sombre et or à la fois, qui contient des
croquis, des petits mots au feutre incertain et émouvant : autant d’hommages à la gloire de Mourad. “Un saut, un rêve, les instants précieux, c’est toi”, s’enthousiasme une cliente. “Un homme exceptionnel, un épicurien”, renchérit une autre.
De sa Kabylie natale, Mourad Daoudi a en effet conservé une conception maximaliste de la vie. Et s’il ne s’accorde que 4 heures de repos par nuit, c’est parce qu’il sait mieux que quiconque que seul le présent électrise et galvanise. “Je vis à fond”, résume-t-il. Jouisseur autant qu’esthète, il aime l’entrée dorée
des restaurants huppés, la faune vaniteuse des bars de palaces. La haute vie. Celle qui emporte vers le beau et l’inédit, celle qui propulse et souffle aux quatre coins du monde. “Je suis toujours en voyage”, s’amuse-t-il. En vérité, il est toujours ailleurs.
L’année dernière, il a fait sensation au Festival de Cannes, lors de la vente aux enchères organisée pour Better World Fund. Il était là, avec sa gueule de soleil, ses lunettes de star, au côté de Sharon Stone, impériale,
sculpturale. Un puits de lumière. Souvenir toujours aussi éblouissant tant de temps après. Récemment, son énergie tout terrain et tous azimuts, l’a conduit à… jouer dans un film. Un court-métrage engagé sur les violences faites aux femmes, réalisé par Philippe Delozè. Expérience désopilante mais surtout vivifiante pour cet universaliste qui loue la polyvalence des comédiens, cet inassignable qui ne craint pas de modifier sa voix, son corps et son âge devant la caméra. “Je n’aime pas les cases”.
Alors, il poursuit son exploration, sa quête du beau dans sa galerie. C’est une ruche d’effervescence autant de permanence. Le décor est épuré, lignes géométriques tout en élégance et en tonalités grège : une ode à l’abstraction tranquille. “Les tableaux changent selon les expositions, souligne-t-il. Pourtant, tout est là”. Toujours vivace, intact, présent, infini. Et blotti au milieu du haut lieu, trône un somptueux escalier de verre. Transparent comme s’il existait à peine. Comme si, au fond, il était la seule condition de l’envol…
Auteure : Clara Tran
Diplômée de Sciences Po Paris et du King’s College London
Rédactrice et portraitiste
clara.tran@sciencespo.fr